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Philippe Verstraete
DRUMDRUM - reconditionnement des fûts en acier

Photographe:

DRUMDRUM

Auteur:

Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.be

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« Miser au maximum sur la réutilisation »
« Miser au maximum sur la réutilisation »

Philippe Verstraete est le directeur général de DRUMDRUM, une entreprise de Rumbeke qui prépare - ou, comme il le dit lui-même, « reconditionne » - les fûts pour les réutiliser. « Selon moi, on peut et on doit faire beaucoup plus en matière de réutilisation. Proportionnellement, on parle beaucoup du recyclage et pas assez de la réutilisation. Notre niche est la réutilisation des fûts, mais il existe de nombreux autres produits qui peuvent être réutilisés. »

DRUMDRUM est à l’origine une entreprise familiale. Elle s'est développée dans le giron et sous la direction de la famille Verstraete, même si elle a intégré des groupes internationaux plus importants et connu des changements d'actionnariat et de nom (Blagden Packaging, pack2pack et EarthMinded). L'entreprise a été à l'arrêt pendant huit mois en raison d'un grave incendie en 2015.

En 2016, Philippe Verstraete, petit-fils du fondateur, a acquis la majorité des actions. La société est redevenue une PME indépendante. Pour l'occasion, elle a été rebaptisée « DRUMDRUM ». DRUM signifie fût en anglais. DRUMDRUM fait référence à la réutilisation d'un fût, rendue possible par le reconditionnement.

Comment avez-vous mené à bien la reconstruction ?

Philippe Verstraete : « J'ai pu faire appel à une équipe de collaborateurs motivés et expérimentés, ce qui était crucial. Je travaillais pour DRUMDRUM depuis plus de 20 ans, je connaissais donc le métier. C'est un secteur de niche particulier, mais je savais quelle voie emprunter. L'incendie a été très violent. De plus, les prix de l'acier étaient très bas à l’époque, ce qui rendait le marché difficile. Les clients n'y ont peut-être pas prêté attention, mais nous avons essuyé des pertes importantes. Désormais, l'avenir semble prometteur. Nous avons à nouveau le vent en poupe, et l'accent que nous mettons sur l'économie circulaire y contribue. »

Philippe Verstraete, le directeur général de DRUMDRUM
Comment DRUMDRUM contribue-t-elle à l’économie circulaire ?

« DRUMDRUM collecte des fûts vides qui ont été utilisés pour toutes sortes d'applications. Nous les amenons à notre usine de Rumbeke et les « reconditionnons ». Cela signifie que nous les nettoyons et les faisons passer par quelques étapes de production supplémentaires afin qu'ils puissent être réutilisés pour des applications similaires dans un état presque neuf. Nous essayons toujours d'être le plus haut possible dans l'échelle de Lansink et donc de préserver au maximum la valeur du produit.

Nous pouvons aider nos clients à être plus durables de trois façons :

  • 1. S’ils nous font collecter les fûts vides, les clients rendent la réutilisation possible.
  • 2. S'ils utilisent des fûts reconditionnés, cela constitue une économie substantielle en termes d'émissions de gaz à effet de serre et de matières premières.
  • 3. Si les fûts ne peuvent plus être réutilisés et arrivent en fin de vie, nous les recyclons de manière responsable.

En raison du fort aspect visuel associé à l'utilisation de fûts en acier, nous pouvons aider nos clients à montrer à leurs clients et au monde extérieur qu'ils se soucient du développement durable. »

« Les matières premières vierges bon marché représentent un grand danger pour l'économie circulaire. »
Philippe Verstraete
Il s’agit d'un produit peu standardisé. Quels défis cela représente-t-il ?

« Vous recevez différents types de fûts que vous souhaitez reconditionner en vue de leur réutilisation, mais vous devez les trier correctement et, bien sûr, trouver un client pour chaque type. Ce n'est pas si évident et c'est aussi la raison pour laquelle un métier comme le nôtre n'est pas facile : la correspondance entre le flux entrant et le flux sortant n'est pas toujours aisée à trouver. »

En quoi consiste exactement le reconditionnement des fûts métalliques ?

« Le nettoyage des fûts peut se faire de différentes manières. Par exemple, vous pouvez les nettoyer chimiquement ou les rincer. Nous appliquons cette méthode aux fûts dont les résidus sont encore liquides. Pour les autres fûts, nous effectuons un traitement thermique. Nous les ouvrons, les retournons et les faisons passer dans un four, ce qui élimine les résidus. Ces résidus partent ensuite chez des transformateurs de déchets agréés. Nous ne les traitons pas nous-mêmes. Les dernières étapes sont le sablage, la restauration de la forme d’origine, dans la mesure du possible, puis les tests et enfin la peinture. »

Que deviennent les fûts qui ne peuvent pas être réutilisés ?

« Nous traitons d'abord ces fûts, puis leur volume est réduit dans des presses à ferraille pour optimiser le transport. Ensuite, nous livrons de l'acier propre et de haute qualité aux transformateurs afin qu’il puisse être recyclé. »

D’où viennent les fûts ?

« Les fûts proviennent des pays voisins. Comme il s'agit d'un produit de grande taille et de valeur limitée, nous devons faire attention aux coûts de transport. En fait, nous transportons beaucoup d'air. C'est pourquoi nous essayons de nous approvisionner en fûts usagés dans un rayon de 500 km. Parfois, nous allons jusqu'à 1000 km, par exemple pour des fûts en provenance de Suisse. Grâce à notre propre société de transport DRUMDRUM Trans, nous pouvons offrir à nos clients le niveau de service fiable qu'ils attendent. Nous aimons être en charge de la logistique externe. Cela nous permet d'optimiser le transport en combinant les livraisons de fûts reconditionnés et les collectes de fûts vides. L’objectif est de limiter au maximum les kilomètres à vide, les coûts et l'impact sur l'environnement. C'est ainsi que nous contribuons au développement durable. »

Comment pensez-vous pouvoir influencer davantage les producteurs de fûts pour les rendre plus durables dès le départ ?

« C’est difficile. Le décideur final reste le client. Les clients veulent souvent simplement la solution la moins chère et ne se soucient guère de la fin de vie d'un produit après son utilisation. Les entreprises n'ont d'autre choix que de se plier aux exigences du client. C'est également un défi de l’approche circulaire : le marché a évolué vers des produits légers à usage unique et des prix bas. Les gens ont beaucoup de mal à s’affranchir de ce modèle. Les matières premières vierges bon marché représentent un grand danger pour l'économie circulaire. Elles doivent également être extraites et produites de manière durable, ce qui constitue une première étape nécessaire. »

Comment résumeriez-vous l’économie circulaire en une phrase ?

« Réutiliser au maximum. La majorité des gaz à effet de serre sont émis lors de la production et/ou de l'extraction des matières premières. Les économies réalisées grâce à l'utilisation d'emballages reconditionnés peuvent atteindre 80 % par rapport à l'utilisation d'emballages neufs. Si vous réutilisez des produits, vous économisez des matières premières. Selon moi, cette prise de conscience fait progressivement son chemin dans la société. Cela passe souvent par de petits gestes, par exemple prendre un sac réutilisable quand on fait ses courses, utiliser une tasse à café plutôt qu'un gobelet jetable... En Europe, nous avons énormément de soi-disant déchets que l'on peut réutiliser, mais peu de matières premières, car elles sont toutes importées. Une leçon que nous avons tirée de la crise du coronavirus est qu'il est payant et important d'être autosuffisant en matières premières et en produits. »

Quelle est la place de la circularité dans la vision durable de DRUMDRUM ?

« Chez DRUMDRUM, nous essayons de faire des choix durables : par exemple, nous installons des panneaux solaires, nous réutilisons autant que possible la chaleur résiduelle, nous renouvelons notre flotte de véhicules avec des modèles électriques et hybrides, nous réduisons notre consommation d'énergie lorsque c'est possible, etc. Nous veillons également à travailler de manière écologique et durable : nous disposons des meilleures technologies disponibles pour purifier l'eau et traiter les émissions. »

Selon vous, qu'est-ce qui est nécessaire pour une transition plus rapide vers une économie circulaire ?

« Je pense que la sensibilisation joue un rôle majeur. De nombreux acteurs y consacrent beaucoup d'efforts. Cela permettra d'accélérer le processus. De plus, le cadre législatif est également très important. Pour l'instant, il n'est pas toujours propice à l'économie circulaire. Je constate une contradiction : les mentalités évoluent vers la circularité et le développement durable, mais les gouvernements imposent (parfois avec les meilleures intentions du monde) des obligations difficiles à respecter, de sorte qu'une grande partie des soi-disant déchets ne sont pas réutilisés ou recyclés. Les déchets sont ou peuvent souvent devenir une matière première et, de ce point de vue, les pouvoirs publics pourraient envisager la législation sur les déchets de manière plus pragmatique. »

Quelles innovations circulaires voyez-vous percer dans les prochaines années ?

« Selon moi, on peut et on doit faire beaucoup plus en matière de réutilisation. Proportionnellement, on parle beaucoup du recyclage et pas assez de la réutilisation. Notre niche est la réutilisation des fûts, mais il existe de nombreux autres produits qui peuvent être réutilisés. »

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