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Caroline Van der Perre
RAFF Plastics

Photographe:

Raff Plastics

Auteur:

Casier-SaraZwW
« Les plastiques ont mauvaise réputation, à tort »
« Les plastiques ont mauvaise réputation, à tort »

« La collecte et le traitement appropriés des plastiques permettent un bon recyclage et donc une durée de vie plus longue. » Nous donnons la parole à Caroline Van der Perre, copropriétaire et directrice de RAFF Plastics.  Comment cette entreprise de recyclage relève-t-elle les défis de la circularité ? « Donner une nouvelle vie aux déchets, voilà l’essentiel. »

En 1981, la société que Raf Van der Perre avait fondée cinq ans plus tôt a été frappée par un grave incendie. « L’entreprise de mon père était spécialisée dans la production de composés de PVC », explique Caroline Van der Perre. « Lorsqu’il a relancé l’entreprise, il a changé de cap : au lieu d’utiliser des matières premières vierges, il a commencé à collecter les déchets de PVC pour fabriquer de nouveaux composés de PVC. Cela lui a permis de redémarrer son activité avec peu de moyens. »

Et votre père est ainsi devenu un entrepreneur circulaire avant la lettre…

Caroline Van der Perre : « On peut dire cela, oui. En 1997, il a lancé une nouvelle activité : le recyclage du PVB (polybutyral de vinyle).  Ce polymère est principalement transformé en films transparents et adhésifs qui sont placés entre les couches de verre feuilleté ou de verre de sécurité, par exemple dans les vitres de voiture. C’est l’un des plastiques les plus difficiles à recycler. Grâce à des recherches intensives et à des machines de pointe, mon père et son équipe ont réussi à recycler les résidus de PVB en matières premières réutilisables. Cela a conduit à la création d’une société distincte : Socaplast, avec une implantation en Belgique et une aux États-Unis. RAFF Plastics s’est ensuite concentrée sur le recyclage du PVC, du PP (polypropylène), du PEHD (polyéthylène haute densité) et du PS (polystyrène). »

Caroline Van der Perre, Co-Owner & Manager RAFF Plastics
Quand et pourquoi avez-vous succédé à votre père à la tête de l’entreprise ?

« J’ai rejoint l’équipe de RAFF Plastics en 1999. Avec Christophe Dehouck, j’ai repris une partie de l’entreprise de mon père en 2012. Le recyclage des plastiques présente encore un grand potentiel. En termes de conscientisation, il y a un changement positif. Nos clients avaient l’habitude d’acheter nos matériaux pour leur prix avantageux par rapport aux matériaux de premier choix. Ils préféraient même ne pas dire que leurs produits étaient fabriqués à partir de matériaux recyclés. Maintenant, on le crie presque sur les toits ! Le revers de la médaille est que les grands acteurs traitent ou ont besoin de grands volumes de matériaux à recycler et les paient plus cher. Cela fait grimper considérablement le prix des flux entrants. »

« Le secteur s’est professionnalisé, par exemple par la traçabilité de toutes les matières. »
Caroline Van der Perre
D’où viennent vos produits entrants et où vont vos produits sortants ?

« Les plastiques entrants – post-production et post-consumer – que l’on reçoit chez RAFF Plastics proviennent principalement de Belgique, du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas. Nous faisons le choix délibéré de nous approvisionner en matériaux à proximité de chez nous afin de limiter l’impact sur l’environnement. Sinon, le recyclage manquerait son objectif. Nos clients sont situés dans ces mêmes pays. C’est aussi pour cette raison que nous ne livrons pas plus loin que Paris. Cela n’a pas de sens d’aller livrer des granulés dans le sud de la France. Nous étudions les possibilités d’ouvrir un site supplémentaire en Belgique ou à l’étranger, pour être encore plus proche des flux entrants et sortants. »

Pouvez-vous donner un exemple de produit fini fabriqué à partir de vos granulés ?

« Colruyt remplace ses anciens bacs Collect&Go par de nouveaux bacs traçables dotés d’un code-barres unique. Nous broyons les vieux bacs sur notre site de Londerzeel.  Il s’agit d’un choix stratégique, car ce site est proche des centres de collecte de Colruyt. En limitant la distance de transport, nous réduisons les émissions de CO2. Sur notre site de Houthulst, nous transformons les caisses broyées en granulés. Nous les livrons à un partenaire externe qui les transforme en nouveaux bacs Collect&Go. Lors du traitement, nous ajoutons le moins de matériaux possible afin de pouvoir facilement recycler à nouveau les bacs après une seconde fin de vie. »

Testez-vous vous-même le potentiel de recyclage des matériaux ?

« Nous disposons d’un petit laboratoire équipé d’une extrudeuse, d’un calorimètre DSC et d’un colorimètre. Tout ce qui arrive est testé et, si nécessaire, ajusté en production. Notre produit final est à nouveau testé afin de garantir la qualité. Nous confions à un laboratoire spécialisé les tests approfondis ou visant à obtenir certains certificats ou normes. Nous constatons que le secteur s’est professionnalisé, par exemple par la traçabilité de toutes les matières. Les grands acteurs et les pouvoirs publics ont joué un rôle important dans ce domaine. »

Dans quelle mesure l’automatisation du processus de recyclage est-elle possible pour les plastiques ?

« Aujourd’hui, il y a encore beaucoup de travail manuel. Tout ce qui est broyé passe d’abord entre des mains humaines pour un contrôle visuel. Par exemple, nous broyons des bacs en plastique vides pour les brasseries. Ils contiennent du verre que nous devons d’abord retirer manuellement avant de pouvoir les broyer. Ces dernières années, nous avons réussi à automatiser davantage les filtres des extrudeuses, par exemple, mais ces machines doivent également être alimentées et cela se fait encore manuellement. Comme nous travaillons avec des matériaux recyclés, la qualité n’est pas constante et les ajustements doivent souvent être effectués manuellement. La grande diversité des matériaux entrants dans notre entrepôt rend également difficile toute automatisation plus poussée. RAFF Plastics n’est pas vraiment un collecteur et un trieur de plastiques. Nous n’entrons en scène qu’à l’étape suivante. Il est donc assez difficile pour nous de prévoir ce qui va arriver, dans quel emballage et dans quelles dimensions. Je suis convaincue qu’il existe encore des possibilités d’automatiser davantage nos machines. Mais un important travail de tri manuel sera toujours nécessaire. »

Avez-vous le sentiment que les consommateurs soutiennent votre démarche ?

« Les plastiques ont mauvaise réputation à cause des documentaires sur les déchets dans les océans. Ces matières ont toutefois aussi des propriétés positives. La collecte et le traitement appropriés permettent un bon recyclage et donc une durée de vie plus longue. Les plastiques peuvent être recyclés plusieurs fois en les mélangeant à d’autres types de plastique. J’espère que les médias mettront plus souvent en avant cet aspect à l’avenir, afin que les consommateurs aient une image plus nuancée des possibilités de recyclage des plastiques. Cela peut les motiver à trier encore mieux leurs déchets. En fait, c’est là que tout commence : il est essentiel que les consommateurs jettent leurs déchets dans la bonne poubelle. »

 

Caroline Van der Perre est, tout comme Sara Adam qui l’a interviewée, active au sein de Women in Recycling, un groupe lié à Denuo et destiné aux femmes dans le recyclage. #WomeninRecycling

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