Vanheede
Jan Minne
Vanheede Environment Group

Photographe:

Vanheede Environment Group

Auteur:

Paul-Emmanuel Casier, Managing Director chez Group Casier, p-e.casier@casier.be

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« L’intelligence artificielle a de beaux jours devant elle dans l’économie circulaire »
« L’intelligence artificielle a de beaux jours devant elle dans l’économie circulaire »

Sous la devise Towards a circular world, in a sustainable way (Vers un monde circulaire, de manière durable), Vanheede Environment Group met tout en œuvre pour valoriser autant que possible les déchets et leur donner une vie nouvelle et utile. « En tant qu’entreprise environnementale intégrée, nous gérons 2247 flux de déchets », déclare le CFO Jan Minne. « En s’appuyant sur notre philosophie de base, l’économie circulaire, les déchets collectés redeviennent des matières premières ou de l’énergie verte. »

Vanheede Environnement Group emploie 810 collaborateurs répartis dans 14 succursales en Belgique et en France. Le groupe d’entreprises dans son ensemble traite annuellement environ 904 844 tonnes de déchets, dont près de 95 % sont valorisés. Le CFO Jan Minne a 26 années de service à son actif.

Qu’est-ce qui vous rend fier après tout ce temps passé chez Vanheede Environment Group ?

Jan Minne : « Bien sûr, je suis fier des nombreuses activités individuelles que nous accomplissons, mais notre plus grande force est d’être actifs à tous les niveaux de la gestion des déchets. Nous constatons que pour certains projets il est important d’avoir un certain tonnage en portefeuille. En plus de nos services logistiques bien connus, nous menons également diverses activités de transformation, par exemple, des plastiques ou des matières organiques, et beaucoup sont encore en plein développement. Par exemple, nous donnons une seconde vie au verre recyclé, au bois, au plastique et à la moquette en les transformant en nouvelles matières premières. Nos activités principales sont la collecte, le tri et le traitement des déchets. Nous essayons de les organiser de la manière la plus durable possible afin de minimiser notre propre consommation et l’impact environnemental. Sur les différents sites de notre entreprise, nous utilisons le soleil, l’eau et le vent pour notre propre approvisionnement en énergie et nous injectons les surplus d’énergie dans le réseau de gaz et d’électricité. »

CFO Jan Minne - Vanheede Environment Group
Qu’est-ce qui pousse Vanheede Environment Group à investir dans l’avenir ?

« En tout cas, ce seront des années importantes en termes d’investissements. Nous voulons aller plus loin dans l’économie circulaire. Aujourd’hui, nous nous trouvons davantage à une ‘étape intermédiaire’, car nous nous concentrons sur le prétraitement des matériaux. Nous voulons plus que cela : nous mettons davantage l’accent sur la création d’énergie, de matières premières et de produits. Nous souhaitons certainement évoluer davantage dans le domaine des plastiques. Dans ce domaine, il n’est pas seulement question de tri, mais aussi de production de matières premières directement réutilisables chez le producteur. Grâce à un certain nombre d’investissements importants, nous voulons nous assurer que nous sommes en mesure de fournir un produit immédiatement utilisable à nos clients. Prenons l’exemple des conteneurs roulants en plastique. Aujourd’hui, ils sont fabriqués en matériaux recyclés. Notre intention est de pouvoir livrer nous-mêmes ces matériaux recyclés. C’est dans ce genre de projets que nous investissons. »

« En augmentant le bagage numérique de chaque employé, nous assurons une coopération optimale entre l’homme et la machine. »
Jan Minne
Le tri à la source reste un enjeu majeur. Comment transmettez-vous ce message à vos clients et comment les soutenez-vous dans ce domaine ?

« Les flux de déchets mixtes des entreprises contiennent encore beaucoup de matériaux valorisables. C’est pourquoi nous avons lancé The Plastic Switch en 2021. Avec ce projet pilote, nous voulons non seulement augmenter le volume de plastiques collectés sélectivement et respecter les obligations légales, mais nous souhaitons également, dans le même temps, rechercher une solution viable sur le plan logistique pour le marché et qui nous permettrait de collecter ensemble différentes fractions de plastique et de réduire ce faisant les coûts logistiques. En collaboration avec Valipac et Fost Plus, nous avons sélectionné quelque 500 clients dans la région de Roulers et avons soigneusement contrôlé leur(s) conteneur(s) de déchets résiduels pendant deux semaines. Nous avons trouvé des non-conformités chez pas moins de 40 % des clients. Pour favoriser le tri à la source, nous avons constitué un ensemble de six sacs pour nos clients afin de collecter sélectivement six types de plastiques (PMC, films mixtes, films naturels, plastiques rigides, PSE et liens de cerclage). Ils étaient très enthousiastes de participer au projet pilote. Il est clair que pour se conformer à la législation en vigueur, le client adopte des solutions viables. C’est pourquoi nous étendons le projet à l'ensemble de la Belgique. Nous pouvons ainsi permettre à un maximum de clients de profiter des nombreux avantages de notre solution innovante de collecte des plastiques. »

Des projets tels que The Plastic Switch reçoivent-ils toute l’attention qu’ils méritent ?

« Je constate que les grands projets de tri et de valorisation des déchets industriels sont généralement peu médiatisés. Cela ne veut pas dire que ce que l’on fait est mauvais ou insuffisant, il y a simplement une perception différente dans la société. Dans les coulisses, cependant, ce type de grandes initiatives fait l’objet d’un travail acharné. Ce sont souvent les petites initiatives qui font l’actualité. C’est un bon moyen d’attirer l’attention sur un problème grave alors que les solutions existent d’ores et déjà à la source. Ne rien jeter, tel est le message. »

Vers un monde circulaire, de manière durable
Vanheede Environment Group essaie de trouver une méthode de traitement appropriée pour un maximum de flux de déchets. Et si le recyclage n’est pas possible ?

« Dans ce cas, nous examinons, par exemple, si nous pouvons transformer ces flux en sources d’énergie qui offriraient une alternative écologique à la production d’énergie basée sur les combustibles fossiles. Sur le site de Quévy (Mons), notre installation industrielle de biométhanisation transforme les produits organiques et biologiques en biogaz. Et à partir de certains résidus textiles et plastiques non recyclables, nous fabriquons des pellets qui peuvent servir de carburant alternatif et de matières premières pour les grandes industries telles que l’industrie du ciment et de la chaux. Ces installations sont de grandes consommatrices de combustibles fossiles et, ensemble, elles sont responsables d’importantes émissions de CO2. Dans cet exemple, nous avons développé avec des clients locaux une alternative durable de combustible produit localement. Un autre exemple : après le déballage des denrées alimentaires qui pour diverses raisons sont devenues impropres à la consommation humaine ou animale, on se retrouve avec une masse de déchets organiques et de déchets d’emballage. Nous transformons les déchets organiques et biologiques en un mélange à haut pouvoir calorifique qui est fourni à nos propres installations de fermentation ou à des installations externes pour la production d’électricité verte et de chaleur. Après avoir séparé les déchets organiques, nous transportons les matériaux d’emballage vers notre division de Dottenijs (Mouscron) où ils sont recyclés en pellets. Ces pellets sont une excellente alternative aux combustibles fossiles utilisés dans les industries les plus énergivores. De cette façon, elles peuvent réduire considérablement leurs émissions de CO2. Nous pensons sincèrement que ces carburants alternatifs ont un très bel avenir. En effet, il y a encore beaucoup de capacités disponibles sur le marché. »

Comment résumeriez-vous l’économie circulaire en une phrase ?

« Si nous pouvons nous permettre d’extraire certaines matières de la nature ou de la terre, nous devons également essayer de les garder en circulation le plus longtemps possible. Et lorsque ces matières premières sont en fin de vie, nous devons essayer de les valoriser davantage. »

Quel est selon vous le rôle de l’intelligence artificielle dans l’économie circulaire ?

« Quand je regarde les installations de tri que nous avons déjà mises en place et celles que nous placerons à l’avenir, j’y vois une énorme opportunité. L’intelligence artificielle y trouve de plus en plus sa place. La reconnaissance par caméra permet de zoomer sur certains déchets qui passent sur un tapis roulant et d’apprendre à un robot quels déchets il est peut ramasser. L’intelligence artificielle a de beaux jours devant elle, chez nous aussi. Ces dernières années, chez Vanheede Environment Group, nous avons su prendre de l’avance dans le domaine de la numérisation en nous concentrant sur une bonne architecture informatique et en optant pour le meilleur module au bon endroit et pour le bon processus. Le défi reste de conserver cette avance, d’apprendre des acteurs innovants, en particulier en dehors de notre secteur, et de continuer à investir dans l’innovation et la formation de nos collaborateurs. En augmentant le bagage numérique de chaque employé, nous assurons une coopération optimale entre l’homme et la machine. »

Comment envisagez-vous l’avenir ?

« Je crois fermement que la science et la technologie peuvent résoudre les grands problèmes du monde. Cependant, pour y parvenir, il faut que le législateur le veuille et apporte son aide. Il faut un soutien général, à la fois aux niveaux provincial, fédéral, européen et mondial. Le mouvement doit trouver sa source auprès des autorités publiques et dans le comportement individuel de chacun, tout en bénéficiant du soutien de la science. Par exemple, je suis immensément agacé par la quantité de plastique et de mégots de cigarettes que je vois tous les jours jonchant le sol ou jetés négligemment hors des voitures. En Belgique, nous sommes (probablement) encore parmi les meilleurs élèves. Le législateur doit veiller à ce que le niveau de recyclage soit aligné dans toute l’Europe. J’y vois encore un énorme potentiel d’initiatives et d’opportunités. »

La culture d’entreprise de Vanheede Environment Group est tout à fait remarquable. Comment l’expliquez-vous ?

« Il est important pour moi et pour tous les employés que nous continuions à croire aux opportunités d’une entreprise familiale opérant dans ce secteur. Nous nous concentrons principalement sur des perspectives à long terme. Nous essayons de faire passer le message circulaire à nos collaborateurs, et nous constatons que leur prise de conscience augmente également. Cela n’apparaît pas nécessairement à l’aune de grandes initiatives, mais aussi, par exemple, dans les sujets de conversation à table pendant la pause déjeuner. »