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Stany Vaes
Denuo, Fédération belge des entreprises actives dans le traitement et le recyclage des déchets

Photographe:

Denuo

Auteur:

Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.be

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« La gestion durable des matériaux est un maillon essentiel de l'économie circulaire »
« La gestion durable des matériaux est un maillon essentiel de l'économie circulaire »

« Encourager et promouvoir l'utilisation et la réutilisation des matériaux existants le plus longtemps possible », voilà comment Stany Vaes résume le rôle de Denuo dans l'économie circulaire. « Notre leitmotiv est le suivant : shaping the future of used materials (façonner l'avenir des matériaux utilisés). Les membres de Denuo - des entreprises belges du secteur du traitement et du recyclage des déchets - travaillent en permanence sur des matériaux usagés qu'ils veulent réutiliser. »

Denuo est la fédération sectorielle belge des entreprises actives dans le traitement et le recyclage des déchets. « Aujourd'hui, quelque 255 (groupes d')entreprises sont affilié(e)s chez nous », explique Stany Vaes, directeur général. « Nos activités peuvent être résumées par trois verbes commençant tous par un R : rassembler, représenter et renforcer. Nous rassemblons nos membres en les regroupant au sein de domaines déterminés. Nous les représentons également auprès des décideurs politiques, des hommes politiques, des ONG, des médias, du monde universitaire... Cette représentation inclut également le plaidoyer social. Nous nous chargeons donc aussi des contacts avec les syndicats et, par exemple, du suivi des négociations des conventions collectives de travail pour les nouvelles sous-commissions paritaires. Nous renforçons nos membres au travers, notamment, de notre revue de presse quotidienne et de notre extranet bien développé, de notre bulletin d'information hebdomadaire, des cours de formation, des événements de réseautage... »

Quelles entreprises sont membres de Denuo ?

Stany Vaes : « Nous constatons une grande diversité parmi nos membres. Certains sont déjà des acteurs très importants à l'échelle mondiale et en Belgique, mais il y a aussi des membres d'envergure mondiale qui sont encore en pleine croissance en Belgique. Certains membres comptent 3 000 employés, d'autres 3. Il s'agit à la fois de sociétés cotées en bourse et de sociétés encore totalement sous gestion familiale. Certains membres contrôlent l'ensemble de la chaîne de collecte, de prétri, de réutilisation, de recyclage, etc., tandis que d'autres se concentrent sur un maillon spécifique. Les matériaux traités sont également très variés et vont des déchets ménagers, chimiques ou encore médicaux, aux revêtements de sol, textiles, verre, métal, papier, etc. Parmi nos membres, nous voyons également émerger d'autres activités telles que la consultance et le trading. Enfin, certaines entreprises manufacturières sont également membres et souhaitent mieux gérer leurs flux de déchets et se mettre elles-mêmes en quête de solutions de réutilisation ou de recyclage. »

Stany Vaes, Directeur Général
Comment avez-vous atterri dans ce secteur ?

« Je suis directeur général de Denuo depuis août 2018. Ma carrière antérieure repose sur trois piliers. Pendant un peu plus de onze ans, j'ai travaillé en tant qu'avocat spécialisé en droit public, notamment en droit de l'environnement. Au tout début de ma carrière, j'ai découvert le thème de la durabilité et sa législation. Ensuite, j'ai travaillé pendant cinq ans pour Comeos, la fédération du secteur de la distribution. Vient enfin le troisième pilier avec mon ancienne fonction au sein de la société de conseil en communication Whyte Corporate Affairs, où j'étais en charge de la communication d'entreprise et du lobbying pour des clients. Denuo me permet de combiner les compétences acquises dans le cadre de mes trois postes précédents. Je suis bien informé sur le secteur très réglementé des déchets et du recyclage, je sais comment fonctionne une fédération et comment communiquer. »

« Nous devons continuer à mettre en avant les avantages de l'utilisation de matériaux recyclés. »
Stany Vaes
Comment Denuo contribue-t-elle à l’économie circulaire ?

« Notre leitmotiv, c'est shaping the future of used materials (façonner l'avenir des matériaux utilisés). Nos membres travaillent en permanence sur des matériaux usagés qu'ils veulent réutiliser. Pour Denuo, la circularité repose sur une gestion intelligente des matériaux afin que nous puissions les utiliser encore et encore. Comme l'indique d'ailleurs notre nom... Denuo signifie « encore », en latin. Nous voulons offrir un avenir aux matériaux utilisés, et ce, le plus longtemps possible. L'économie circulaire est présente partout et dans tous les secteurs économiques. Notre objectif ultime est de rapprocher l'économie circulaire, mais nous n'en représentons qu'une partie. Notre rôle principal consiste à encourager et promouvoir l'utilisation et la réutilisation les plus longues possible des matériaux existants. Le simple fait de gérer intelligemment - lire durablement - les matériaux ne permet certes pas de réaliser l'économie circulaire, mais sans cette gestion intelligente, nous n'y parviendrons pas non plus. La gestion durable des matériaux est un maillon essentiel de l'économie circulaire, mais ce n'est pas le seul. »

Dans quelle mesure la Belgique est-elle proche d'une économie circulaire ?

« Je vois des signes positifs, mais il faut encore attendre avant de pouvoir se prononcer. On accorde progressivement une plus grande attention à l'utilisation de matériaux recyclés. Cela est en partie imposé par la législation. Les emballages de boissons devront, par exemple, être composés d'au moins 30 % de matériaux recyclés d'ici 2030. Denuo pense qu'il s'agit d'une mesure très intelligente qui peut contribuer à changer les mentalités. Nous examinons également de plus en plus comment utiliser les matériaux recyclés. Pour certaines entreprises, cela devient aussi petit à petit un argument de vente. »

En Belgique, la montagne de déchets s'élève à 67 millions de tonnes par an. L'objectif est donc de trouver, parmi cette montagne, le plus grand nombre possible de débouchés pour les éventuels recyclats dans notre pays. Où en est-on à ce niveau ?

« Le gouvernement et les décideurs politiques accordent également une attention croissante à cette question. Pour l'instant, nous étudions les obstacles qui s'opposent encore à l'utilisation des produits recyclés. Cela pourrait éventuellement passer par la normalisation des produits, une obligation d'utiliser du recyclat, liée ou non à des incitations fiscales. L'idée fait son chemin dans la tête des décideurs politiques et nous espérons qu'il y aura une percée majeure dans les années à venir. Nous devons cependant faire attention et rester critiques afin que l'économie circulaire ne devienne pas un coup de marketing et ne soit pas utilisée par les entreprises comme du 'greenwashing'. L'objectif doit toujours être de rendre les produits réellement circulaires et de les (ré)utiliser. »

Comment les innovations peuvent-elles stimuler l'économie circulaire ?

« Il doit certainement y avoir de la place pour l'innovation, mais en même temps, nous devons continuer à nous demander quelle place auront les modes de traitement innovants et pour quels flux ils sont applicables. Pour l'instant, le secteur du textile se concentre principalement sur le recyclage des fibres : il s'agit de séparer les fibres et de les retransformer en fil. Malheureusement, cela n'est possible qu'avec des textiles de très haute qualité, qui sont déjà collectés et triés pour être réutilisés aujourd'hui, notamment dans les friperies, les magasins d'occasion et les boutiques vintage. L'accent devrait donc davantage être mis sur la réutilisation, qui se situe plus haut dans l'échelle de Lansink que le recyclage. Un phénomène similaire peut être observé au niveau du recyclage du plastique. Aujourd'hui, tout le monde parle du recyclage chimique. Il est souvent présenté comme la formule magique pour les plastiques contaminés ou difficiles à recycler (déchets post-consommation), mais il ne faut pas perdre de vue que les flux de déchets postindustriels propres peuvent parfaitement être traités par le recyclage mécanique. »

Quelles mesures considérez-vous comme prioritaires pour franchir de nouvelles étapes vers une économie circulaire ?

« Je considère que le tri sélectif est un élément important. En tant qu'entreprise, vous devez examiner votre processus de production afin de déterminer à quel moment les flux de déchets sont créés et comment vous pouvez les réutiliser, ou vous devez trouver une correspondance avec une autre entreprise qui peut réutiliser ou traiter vos flux de déchets. Et si cela n'est pas possible, il faut alors réfléchir à la meilleure manière de collecter les flux de déchets. Le meilleur moyen de garantir leur réutilisation consiste à créer les cycles les plus purs. Le deuxième élément est l'écoconception. Examiner comment nous pouvons développer un produit de manière optimale pour qu'à la fin de sa vie, il puisse être facilement réutilisé ou démonté et réutilisé comme matière première. Quant au troisième facteur important, il s'agit, selon moi, de l'utilisation des produits recyclés. Le prix des matières premières vierges et recyclées joue ici un rôle capital. »

Comment faire adhérer le grand public à la transition vers l’économie circulaire ?

« Pour faire évoluer les mentalités, nous devons continuer à mettre en avant les avantages de l'utilisation de matériaux recyclés. Les matières premières que nous utilisons ici doivent être réutilisées après leur fin de vie, afin d'éviter de devoir chercher de nouvelles matières premières ailleurs dans le monde. Nous constatons également que les émissions de CO2 les plus importantes sont associées à l'extraction, au transport et au traitement des matières premières. Si les matières premières sont déjà là et qu'on les utilise ici, nous pouvons éviter de grandes quantités d'émissions de CO2. Parallèlement à cela, il y a aussi un volet économique. Si nous devenons plus forts en la matière et utilisons mieux nos matériaux, nous dépendrons moins des importations de matières premières. Dans le même temps, nous jouerons la carte de l'emploi local et développerons une expertise et une échelle que nous pourrons exporter plus tard si nécessaire. Et notre économie s'en trouvera nettement renforcée. Nous devons continuer à informer les consommateurs de ces avantages écologiques et économiques afin de les convaincre davantage. »

Dans quelle mesure Denuo applique-t-elle également la circularité en interne ?

« J'ai l'impression que le mode circulaire n'est pas encore suffisamment activé chez nous. Dans les bureaux de Denuo, tout est mis en place pour trier les déchets autant que possible et nous organisons régulièrement un office clean-up day. La gestion durable des déchets fait également partie intégrante de notre liste de contrôle lorsque nous organisons un événement. Nous y accordons une certaine attention, mais nous devrions aller bien au-delà de cela. L'esprit circulaire est toutefois assez ancré dans notre politique d'achat. Nous avons, par exemple, acheté récemment une imprimante multifonctionnelle et avons délibérément cherché le modèle le plus circulaire et le plus économe en énergie. »

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