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Leopold Moormann en Vincent de Jonge
Hydro

Auteur:

Sara Adam, Corporate Consultant chez Group Casier, s.adam@casier.be

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« Doté d’une remarquable durée de vie et recyclable à l’infini, l’aluminium est le matériau circulaire par excellence »
« Doté d’une remarquable durée de vie et recyclable à l’infini, l’aluminium est le matériau circulaire par excellence »

« En utilisant efficacement les déchets pré et post-consommation, nous pouvons proposer de l'aluminium recyclé certifié avec une empreinte carbone plus faible. » Leopold Moormann, Directeur marketing, et Vincent de Jonge, Coordinateur du développement durable, décrivent la stratégie du producteur d’aluminium Hydro en matière d’économie circulaire.

Hydro est une entreprise norvégienne cotée en bourse, spécialisée dans la transformation de l’aluminium. Le principal actionnaire est l’État norvégien. Rien qu’en Europe, l’entreprise possède 40 sites, dont 4 sont situés en Belgique, à savoir à Lichtervelde, Raeren, Ghlin et Landen. Dans notre pays, Hydro emploie près de 700 personnes. « L’intérêt de disposer d’autant de sites est que, lorsque nous appliquons une idée intelligente et durable dans une implantation, elle profite généralement aux autres sites », explique Leopold Moormann. « L’émulation entre les différents sites est très grande, ce qui favorise la croissance efficace et durable du groupe. »

Quelle place Hydro occupe-t-elle sur le marché ?

Leopold Moormann : « Partant du principe que nous contrôlons la totalité de la chaîne de valeur – de l’extraction des matières premières à la production du matériau de base, en passant par l’extrusion et le recyclage – notre groupe est leader mondial du marché. En Europe, nous détenons quelque 20 % de parts de marché. »

Leopold Moormann et Vincent de Jonge
Quel est votre rôle au sein d'Hydro ?

Leopold Moormann : « Au cours de ma longue carrière chez Hydro, j’ai occupé un certain nombre de fonctions, notamment dans la vente (service interne et externe), la gestion de produits, le marketing management et le business development. Depuis 2022, je suis responsable marketing, business development et développement durable pour le Benelux et l’Europe. »


Vincent de Jonge : « Je travaille chez Hydro depuis deux ans et demi en qualité de Sustainability Coordinator pour le Benelux, au sens le plus large du terme. Si la structure et les objectifs sont fixés par la société mère, chaque site est libre de les aménager compte tenu de ses spécificités propres. Nous recherchons pour chaque site la solution la mieux adaptée. »

« L’émulation entre les différents sites est très grande, ce qui favorise la croissance efficace et durable du groupe. »
Leopold Moormann en Vincent de Jonge
Quels sont les biens de consommation contenant de l'aluminium ?

Leopold Moormann : « On trouve notamment de l’aluminium dans les ustensiles de cuisine, tels que les casseroles, mais également dans les fenêtres et les portes, les vélos, les téléphones, les ordinateurs portables, les voitures, les remorques, les bateaux, les ponts, les fuselages, les cabines et les planchers d’avions et de trains. Sur les marchés durables, l’aluminium est entre autres présent dans les structures porteuses des panneaux solaires. »

Quel est l’impact de l’aluminium sur l’environnement ?

Vincent de Jonge : « L'aluminium est extrait de la bauxite, un produit résiduel résultant de l’altération chimique de roches contenant des silicates d'aluminium, sur des millions d’années. Si l’extraction de bauxite n’est pas un processus polluant en soi, elle a cependant un impact majeur sur l’environnement minier. Après extraction, il convient de restaurer la nature dans son état originel. La bauxite n'est pas une ressource rare. On en trouve en principe dans la couche supérieure du sol, partout dans le monde. Elle serait même présente dans nos jardins, mais en trop faible quantité pour être exploitée de manière rentable. La bauxite est principalement extraite dans des pays limitrophes de l’équateur. De la bauxite à l’aluminium, il y a plusieurs étapes qui nécessitent énormément d’énergie. Hydro met tout en œuvre pour réduire au minimum son impact sur l’environnement. »


Leopold Moormann : « En réalité, l’aluminium est un matériau extrêmement durable. Sous forme de produit fini, sa durée de vie est très élevée. L’aluminium est en outre recyclable à 100 %. Il peut être traité à une température d’environ 600 °C, ce qui est nettement moins élevé que pour l’acier (2 000 °C) et, par conséquent, moins énergivore. Le recyclage de l’aluminium ne nécessite que 5 % de l’énergie nécessaire pour produire de l’aluminium à partir de la bauxite. »

Le recyclage de l’aluminium nécessite-t-il des technologies spécifiques ?

Vincent de Jonge : « Dans certains sites plus particulièrement dédiés au traitement des déchets recyclés, nous avons investi dans des filtres plus performants et plus fins, ainsi que dans des machines mieux adaptées, afin de pouvoir traiter davantage de déchets post-consommation. Afin d’obtenir un recyclage de meilleure qualité et plus durable, nous travaillons également sur les flux de tri. Sur le site de Ghlin, dans le Hainaut, où nous utilisions jusqu’à présent le gaz pour gérer les processus de recyclage, nous avons lancé un projet basé sur le biogaz. Dans un de nos sites situé en Espagne, nous sommes parvenus à gérer l’ensemble du processus au moyen d’hydrogène vert produit à partir d’énergie renouvelable. »


Leopold Moormann : « Pendant le processus de recyclage, nous essayons d’émettre le moins de CO2 possible. Plus la quantité d’aluminium à recycler est élevée, plus le recyclage est efficace, moins nous émettons de carbone et plus nous pouvons remplacer de matières premières vierges par du recyclat. »

D’où provient le recyclat ?

Leopold Moormann : « Avec nos clients, nous appliquons le principe close the loop, autrement dit “boucler la boucle”. Nos clients achètent de l’aluminium dans le but de le transformer. Cependant, une partie de l’aluminium est perdue pendant le processus de transformation. C’est ce que l’on appelle le taux de rebut. Nous faisons en sorte de récupérer ce produit perdu, afin de le retraiter et de réduire nos achats d’aluminium neuf. »


Vincent de Jonge : « Nous travaillons également avec des ferrailleurs qui nous apportent les déchets d’aluminium. »

Comment déterminez-vous le pourcentage d’aluminium fabriqué à partir de recyclat et à partir de matières premières vierges ?

Leopold Moormann : « Nous établissons l'analyse du cycle de vie de chaque produit, ainsi qu'une déclaration environnementale de produit (EPD). Celle-ci mentionne le matériau utilisé pour fabriquer le produit, le pourcentage de recyclat et de matériaux vierges, ainsi que l’origine des matières premières. Sur base de ces informations, une valeur d’émission de CO2 est également attribuée. Depuis que nous répertorions plus précisément l’origine des matériaux, nous gérons nos processus d’achat de manière plus responsable. Utiliser des matériaux vierges ou recyclés, ce n’est pas forcément choisir entre le noir et le blanc. Les matériaux vierges que vous achetez peuvent parfaitement être fabriqués à partir de combustibles fossiles ou d’énergie renouvelable. »

Quelle est pour vous la définition de l'économie circulaire ?

Vincent de Jonge : « Faire en sorte que la manière dont nous utilisons les matières premières ne soit pas préjudiciable aux générations futures. Nous ne souhaitons pas que la qualité de vie des générations futures pâtisse de nos modes de production et de consommation actuels. »


Leopold Moormann : « La circularité est un engagement que nous prenons collectivement avec l’ensemble de nos partenaires (clients, fournisseurs et consommateurs finaux). »

Comment Hydro s’implique-t-elle plus généralement dans l’entrepreneuriat durable ?

Leopold Moormann : « L’un des objectifs de notre groupe est d’atteindre la neutralité carbone, voire d’obtenir le statut d’entreprise nature positive d’ici 2050. À cette fin, nous fixons des objectifs intermédiaires tels que la réduction de notre empreinte carbone de 30 % d’ici à 2030. Nous classons nos différents types d'émissions en trois catégories. Les émissions directes (scope 1), les émissions indirectes liées à l’achat d’énergie (scope 2) et les émissions indirectes qui se produisent dans la chaîne de valeur (scope 3). »


Vincent de Jonge : « En tant qu'entreprise cotée en bourse, Hydro tombe sous le coup de la directive sur le rapport de durabilité des entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive ou CSRD) et en rend compte clairement. Nous souhaitons en outre poursuivre nos investissements dans les achats verts, la production écoresponsable, le recyclage et la valeur ajoutée de notre présence sociale dans la société. Des initiatives locales consistent, par exemple, à investir dans des parcs de panneaux solaires et d’éoliennes en vue de produire notre propre énergie. »

Qu’est-ce qui vous empêche de renforcer et d’accélérer votre engagement en faveur du développement durable ?

Leopold Moormann : « Force est de constater que, dans certains pays européens, il est impossible d’investir à 100 % dans la technologie et l’énergie verte, car le réseau électrique ne le permet pas. Dans le futur, la capacité sera insuffisante. Si nous manquons d’électricité, nous serons dans l’impossibilité de poursuivre bon nombre de nos projets de développement durable. »

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