Photographe:
Brussels Recycling Metal
Auteur:
Elien De Both, Corporate Consultant chez Group Casier, e.de.both@casier.be
« Le thème de la circularité a été très présent ces dernières années, c'est bien de voir qu'il y a davantage de sensibilisation. » La parole est donnée à Julie Huntz, directrice administrative de Brussels Recycling Metal. « L'économie circulaire consiste à considérer l'ensemble du cycle de vie d'un produit : choisir les bonnes matières premières et avoir recours à l'écoconception pour utiliser, traiter et recycler efficacement. »
Brussels Recycling Metal traite les déchets métalliques et les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). « Mon frère Pierre-Marie et moi-même représentons déjà la cinquième génération active dans le domaine du recyclage », déclare Julie Huntz. « C'est dans notre famille depuis les années 1900, et le recyclage a toujours été une seconde nature pour nous, même avant que cela ne s'appelle ainsi. Au début, il s'agissait du métier de « marchand de loques », à Bruxelles, qui consistait à ramasser avec une charrette tout ce qui devait être recyclé (textiles, métaux, etc.). Petit à petit, notre famille s'est spécialisée dans le métal, d'où le nom de Brussels Recycling Metal. »
Julie Huntz : « Mon frère et moi avons tous deux mené notre propre vie et fait les études qui nous plaisaient. Lorsque nos parents ont envisagé l'achat de broyeurs de câbles, un gros investissement tourné vers l'avenir, ils nous ont demandé si nous aimerions reprendre l'entreprise plus tard. C'était, pour nous, une évidence. Revenir à Bruxelles Recycling Metal a toujours été notre intention. »
« C'est un système économique dans le cadre duquel on produit en pensant à la durabilité, et la consommation qui en découle doit également être durable. Cela revient donc à considérer l'ensemble du cycle de vie d'un produit : choisir les bonnes matières premières et avoir recours à l'écoconception pour utiliser, traiter et recycler efficacement. Le thème de la circularité a été très présent ces dernières années, c'est bien de voir qu'il y a davantage de sensibilisation. »
« Ramener l'industrie en Belgique et à Bruxelles pour que le retraitement en produits réutilisables puisse se faire ici serait, pour moi, une innovation assez simple qui aurait un grand impact. Cela permettrait également de garantir que, sur le plan social, il y ait à nouveau plus d'emplois et de formations ici. Il n'y a presque plus d'industrie à Bruxelles, la ville doit donc exporter tous ses déchets. Vers une autre région, un autre pays d'Europe ou même en dehors de l'Europe. S'il y avait à nouveau plus d'industries à Bruxelles/en Belgique, l'urban mining (N.d.t. : L'exploitation minière urbaine, un processus qui permet par des traitements chimiques et mécaniques, de récupérer les métaux rares logés dans les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE)) serait davantage possible ici, nous pourrions garder plus de matériaux primaires ici. Aujourd'hui, nous devons d'abord les exporter pour les réimporter après leur retraitement en produits réutilisables. Prenons l'exemple du cuivre : nous l'exportons puis le réimportons pour le réutiliser dans les câbles. »
« Grâce aux innovations actuelles et au nouveau mode de travail, ce n'est plus le cas. Cela fait longtemps que les gens ne travaillent plus comme à l'époque de la révolution industrielle, du moins pas dans nos régions. Il existe également sur le marché des machines très avancées et des technologies améliorées, conformes aux normes et aux lois européennes. Il est donc important d'investir dans celles-ci. S'il n'y a plus d'industrie, elles n'ont que peu d'utilité et dans les pays où les règles sont moins strictes, les fonds pour ces technologies ne sont souvent pas disponibles. Les lignes de recyclage existent déjà, mais les incitants pour maintenir l'industrie en Belgique font souvent défaut. Envoyer tout à l'étranger parce que c'est plus facile ou moins cher là-bas, et parce que cela nous donne l'impression de maintenir la 'propreté' ici, est une solution à court terme, mais qui ne peut fonctionner à long terme. »
« Si vous voulez travailler de manière circulaire, il faut que tout le monde soit sur la même longueur d'onde. Tout le monde doit se conformer aux mêmes règles et il doit y avoir des contrôles adéquats, sans quoi il y aura toujours des gens qui trouveront un moyen de ne pas suivre les règles et il ne sera pas question de circularité. Il est parfois préférable d'avoir moins de règles, mais de bien les suivre que d'avoir beaucoup de règles qui ne sont pas contrôlées. Sans cela, ceux qui veulent bien faire seront exposés à des blocages et dans l'incapacité de suivre. Les technologies et les innovations doivent être présentes en Belgique et en Europe et doivent également être soutenues par une politique à long terme. Les changements constants de la réglementation rendent difficile la réalisation d'investissements. Faire des investissements pour la durée d'une carrière politique est impossible. L'entrepreneuriat circulaire ne se conçoit pas à court terme, il requiert une vision à long terme. »
« Une sensibilisation accrue du grand public. Cela ne coule pas de source pour tout le monde. Communication, éducation, formation... Tout part de là. La responsabilité sociale devrait faire partie de l'enseignement afin que nous grandissions avec cette idée. De plus en plus de personnes (surtout des jeunes) se rendent compte que notre mode de vie actuel n'est pas tenable. Nous devons nous battre pour le climat, pour les droits (sociaux) de chacun, mais sortir de notre zone de confort reste difficile. Par exemple, nous réclamons à cor et à cri la préservation de l'environnement, mais nous voulons tous voyager en avion et acheter les derniers vêtements ou gadgets technologiques. C'est ainsi que nous avons été éduqués, en Europe. C'est pourquoi on observe une certaine prise de conscience, d'une part, mais souvent peu d'action, d'autre part. Il est souvent impossible de changer sans renoncer. Je n'approuve ni ne désapprouve cela, il m'arrive aussi de partir en vacances en avion, mais ce contraste est pour le moins frappant. »
« Toute personne qui consomme un bien ou un service devrait avoir le réflexe de se demander : est-ce nécessaire, est-ce un achat conscient ? Puis-je m'en passer ? Est-il vraiment nécessaire d'économiser quelques euros quand j'achète dans une boutique en ligne étrangère ? Nous sommes trop habitués à acheter des choses bon marché. On nous jette à la figure des biens de consommation dont le producteur veut nous faire croire que nous en avons besoin. Ou nous faisons des achats supplémentaires pour ne pas avoir à payer de frais de port. Crier haut et fort que tout le monde a droit à un salaire décent et à de bonnes conditions de travail et ensuite tout faire pour ne pas avoir à payer les frais de port, ça n'a pas de sens ! »
« Effectivement, ces trottinettes sont très pratiques à Bruxelles, particulièrement pour réduire le trafic automobile. Or, les gens sont très peu respectueux du matériel d'autrui. Et cela est loin d'être anodin : la circularité, c'est aussi prendre soin des produits ou des matériaux pour qu'ils durent plus longtemps. »
« Peut-être devrions-nous tous renoncer à un certain confort. De petites choses peuvent avoir un grand impact. Cela commence par la consommation locale de biens et de services, au moins au niveau européen, sans s'enfermer dans un système protectionniste. Cela permettrait non seulement de stimuler l'économie européenne, mais aurait également des avantages environnementaux et sociaux. Les choix que nous faisons aujourd'hui ont aussi un impact sur nos enfants. Que penseront-ils de notre comportement le jour où ils en prendront conscience ? Chacun devrait réfléchir à cela. Mes enfants/la prochaine génération seront-ils fiers de nous ? Si chacun pense et consomme de cette manière, les choses pourraient changer. Cela peut paraître un peu utopique, mais espérons que cela devienne bientôt un peu plus réaliste. »
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